Eau du robinet vs eau en bouteille : quelle différences pour l’environnement ?

Eau du robinet vs eau en bouteille : quelle différences pour l’environnement ?

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Une étude de cas menée à Barcelone suggère que l’impact environnemental de l’eau en bouteille serait des milliers de fois plus important que celui de l’eau du robinet.

La consommation d’eau en bouteille a fortement augmenté ces dernières années, en partie à cause du marketing très important proposé par les marques, mais également de facteurs subjectifs tels que les organoleptiques (perception sensorielle de l’eau, par exemple le goût et l’odeur), et le manque de confiance dans la qualité de l’eau du robinet.

Malgré tout, la consommation d’eau en bouteille implique des impacts environnementaux beaucoup plus élevés par rapport à l’approvisionnement public en eau potable. Cela paraît évident au premier regard, mais dans quelles mesures, exactement ? Des chercheurs espagnols se sont récemment penchés sur le sujet. Leurs travaux sont publiés en juillet dernier dans Science of The Total Environment.

Des différences très nettes

Pour cette étude, les chercheurs se sont concentrés sur la ville de Barcelone, où plus de la moitié des 1,6 million d’habitants consomme régulièrement de l’eau en bouteille (58 % selon un sondage réalisé en 2016/2017).

Concrètement, l’équipe a analysé les impacts environnementaux de quatre scénarios différents. Le premier prenait en compte les sources d’eau potable actuellement observées, le second considérait un passage complet à l’eau du robinet, le troisième un passage complet à l’eau en bouteille. Enfin le dernier scénario impliquait que tout le monde passe à l’eau du robinet filtrée.

Les chercheurs ont pris compte plusieurs facteurs, tels que l’épuisement des ressources non renouvelables et l’émission de polluants nocifs (gaz à effet de serre, particules) dans l’environnement durant mes procédés de fabrication et de distribution, ou encore les effets documentés sur la vie marine.

Résultats, le scénario où l’ensemble de la population consommait de l’eau du robinet a eu l’impact environnemental le plus faible sur les écosystèmes et les ressources. À l’inverse, le scénario impliquant un passage complet à l’eau en bouteille a produit un impact 1 400 fois plus élevé sur les espèces perdues (destruction d’1,43 espèce par an en moyenne) et 3 500 plus élevé sur l’utilisation des ressources.

Les risques sanitaires largement compensés

Côté sanitaire, les auteurs soulignent que la préoccupation particulière des Barcelonais envers la consommation d’eau du robinet était le potentiel d’exposition au trihalométhane (THM). Ces sous-produits du processus de désinfection au chlore opéré dans les stations d’épuration ont déjà été associés à un risque accru de cancer de la vessie. Or, les auteurs soutiennent que le risque – très faible lorsque l’eau est suffisamment traitée – reste largement compensé par le coût environnemental élevé de l’eau en bouteille.

« La qualité de l’eau du robinet a considérablement augmenté à Barcelone depuis l’incorporation de traitements avancés au cours des dernières années », souligne Cristina Villanueva, principale auteure de l’étude. « S’il est vrai que l’eau du robinet peut contenir du [THM] dérivé du processus de désinfection […] le risque pour la santé est faible, surtout lorsque l’on prend en compte les impacts globaux de l’eau en bouteille ».

Ainsi, « compte tenu à la fois des effets sur l’environnement et sur la santé, l’eau du robinet reste une meilleure option que l’eau en bouteille, et de loin. L’eau du robinet filtrée, note la chercheuse, est également une alternative. Même si nous ne disposions pas de suffisamment de données pour mesurer pleinement son impact environnemental, nous savons qu’il est bien inférieur à celui de l’eau en bouteille ».

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