La Caisse nationale d’assurance vieillesse (CNAV) est au cœur d’une crise qui met en lumière les difficultés rencontrées par les retraités résidant à l’étranger. Ces derniers, dans un acte de désespoir, vont jusqu’à menacer de se suicider pour accélérer le traitement de leurs dossiers. Une situation alarmante qui nécessite une attention immédiate.
Le 21 septembre 2023, un courriel surréaliste a été envoyé aux agents de la direction des assurés de l’étranger (DAE). Ce dernier stipulait que si un assuré exprimait son mécontentement face aux délais de traitement de son dossier en menaçant d’alerter les médias, la direction ou, plus tragiquement, en évoquant le suicide, son dossier devait être immédiatement classé en priorité “PRIO++ puis PRIO 1”. Si l’assuré évoquait simplement un recours au défenseur des droits ou au médiateur de la CNAV, son dossier était classé en “PRIO 2”. En revanche, une simple demande de contact avec le service clientèle se voyait attribuer le rang “PRIO 3”, reléguant ces dossiers au bas de la pile.
La DAE, basée à Tours, est actuellement submergée par un retard de dix-huit mois dans le traitement de ses dossiers. En mai, 45 000 dossiers étaient en attente. Aujourd’hui, 30 000 d’entre eux n’ont toujours pas été traités. Ces chiffres représentent des milliers de retraités qui attendent désespérément de recevoir leurs pensions, souvent modestes, variant entre 110 et 300 euros par mois. Beaucoup d’entre eux, notamment en Algérie, en Espagne ou au Portugal, attendent le versement d’une pension de réversion ou une révision à la hausse.
Mais comment en sommes-nous arrivés là ?
La réponse réside en partie dans la réduction des effectifs de la DAE en 2017. De nombreux techniciens expérimentés, présents depuis la création du service dans les années 70, sont partis à la retraite. Ils ont été remplacés sporadiquement par de jeunes recrues, souvent peu formées à la complexité des dossiers. Ces dossiers requièrent une attention minutieuse, car ils concernent des assurés ayant travaillé à la fois en France et à l’étranger, parfois avec plusieurs numéros de Sécurité sociale.
La situation s’est encore détériorée après le confinement dû à la pandémie de Covid-19. En novembre 2021, des syndicalistes ont interrompu une réunion du conseil d’administration pour dénoncer l’aggravation de la situation. La directrice de ce service à la CNAV a mentionné que l’effectif en 2018 était de 70 personnes, et qu’actuellement, ils sont 85, avec l’arrivée prochaine d’une vingtaine de CDD.
Face à cette crise, les agents de la DAE sont débordés et évitent même de répondre au téléphone, craignant de devoir gérer des appels de retraités désespérés. La solution ? Une embauche rapide et efficace au service des réclamations.
Il est temps d’agir pour garantir aux retraités le respect et la dignité qu’ils méritent.
Information issue du Journal “Le Canard Enchainé” du 27 Septembre 2023 par Lauriane Gaud