Manger de la viande sans abattre d’animaux sera bientôt possible

Manger de la viande sans abattre d’animaux sera bientôt possible

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Depuis plusieurs semaines, la société de biotechnologie israélienne Future Meat commence à produire de la viande cultivée à partir de cellules animales à échelle industrielle. Ce “nouveau marché”, qui représente l’avenir, intéresse évidemment les grands noms de l’agroalimentaire, dont le géant suisse Nestlé.

Préoccupations environnementales et éthiques

La consommation de viande devrait augmenter fortement à mesure que la population mondiale continue de croître. Nous devrions en effet atteindre les neuf milliards d’habitants d’ici 2050. Toutefois, il y a un gros hic. Si l’on prend en compte le besoin en terres, en céréales et en eau, la production de chair animale est aujourd’hui l’une des industries les plus énergivores de la planète. Elle s’avère même plus polluante que tous les transports réunis.

En outre, la production de viande implique l’abattage de soixante milliards d’animaux chaque année (environ trois millions en France chaque jour) élevés dans des conditions très difficiles. De plus, les cadences visant à répondre à la demande impliquent beaucoup de “ratés” dans le processus de mise à mort des animaux ainsi qu’en témoignent les récentes vidéos filmées dans les abattoirs français.

Aussi, au-delà des préoccupations environnementales liées à la consommation de viande, sa production soulève également des questions éthiques. En conséquence, de plus en plus de personnes se tournent vers un régime végétalien, mais beaucoup en sont encore incapables. Et la solution passait par la viande cultivée en laboratoire ?

Une première installation en Israël

En version simplifiée, le principe est le suivant : on extrait des cellules souches de poulets, de porcs, d’agneaux ou encore de bœufs. Ces cellules sont ensuite manipulées afin d’obtenir des fibres musculaires, des vaisseaux sanguins ou de la graisse. Au cours de ces dernières années, de nombreuses entreprises ont mis le pied à l’étrier, travaillant à obtenir les saveurs, textures et odeurs des viandes normalement consommées et de grands progrès ont été réalisés.

Plus récemment, la société de biotechnologie israélienne Future Meat a ouvert ce qu’elle prétend être la “première installation industrielle de viande cultivée au monde“. Son usine serait capable de produire jusqu’à 500 kilos de produits à base de viande cultivés, soit environ l’équivalent de 3 000 hamburgers de taille moyenne.

L’usine peut aujourd’hui produire des produits à base de poulet, de porc et d’agneau, et bientôt des produits à base bœuf. L’entreprise affirme que sa viande cultivée génère 80 % moins d’émissions à effet de serre, utilise 99 % moins de terres et consomme 96 % moins d’eau que la production de viande traditionnelle. En outre, la société affirme que le processus est environ vingt fois plus rapide que d’élever des animaux, puis de les abattre.

Enfin, Future Meat a annoncé en février dernier avoir pu ramener le coût de production d’un produit de poitrine de poulet cultivé à moins de 10 dollars US. À titre de comparaison, il y a encore trois ans, produire le même produit coûtait environ mille fois plus cher.

La promesse du marché américain

L’installation pourrait donc jeter les bases de nombreuses autres à l’avenir, en particulier aux États-Unis où Future Meat espère vendre ses produits dès l’année prochaine. Il y a trois ans déjà, le ministère de l’Agriculture (USDA) et la Food and Drug Administration (FDA) avaient en effet annoncé leur intention de superviser la production de viande cultivée en laboratoire de manière à pouvoir être vendue en toute sécurité aux consommateurs. “Le fait d’avoir une ligne industrielle en marche accélère les processus clés tels que la réglementation et le développement de produits“, selon le PDG de Future Meat Rom Kshuk.

La société vient ainsi d’ouvrir un nouveau chapitre dans le sevrage de la société moderne de la viande traditionnellement fabriquée. Et Nestlé n’y est pas insensible. Un groupe de scientifiques de Nestlé Research, la filiale du géant suisse dédiée à la recherche & au développement, travaille en effet actuellement avec Future Meat Technologies pour tenter de “comprendre le potentiel” de ce nouveau marché qui, selon les prévisions de Blue Horizon Corporation, devrait atteindre 140 milliards de dollars d’ici dix ans. Selon un récent rapport, ces viandes cultivées représenteront environ 35 % de la viande consommée d’ici une vingtaine d’années.

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