Une étude évalue la perte de naissances féminines dans le monde entre 2021 et 2100

Une étude évalue la perte de naissances féminines dans le monde entre 2021 et 2100

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Une étude récente a effectué une projection des déséquilibres entre les sexes à la naissance entre 2021 et 2100. Selon les chercheurs, une douzaine de pays perdront des millions de femmes d’ici la fin du siècle.

Des pays au sexe-ratio asymétrique

Depuis une cinquantaine d’années, les avortements selon le sexe dans des pays comme la Chine et l’Inde sont à l’origine d’un “manque de femmes”. Les chiffres donnent le tournis puisqu’il est question d’une fourchette comprise entre 23 et 45 millions de femmes. Une étude publiée dans le BMJ Global Health le 2 août 2021 estime que ces mêmes pays perdront à nouveau 4,7 millions de naissances féminines d’ici la prochaine décennie. L’équipe composée de chercheurs des États-Unis, de Singapour, d’Inde et d’Arabie Saoudite a développé un modèle sur la base de 3,26 milliards d’actes de naissance dans 204 territoires. Ils ont identifié une douzaine de pays montrant des preuves de sexe-ratio asymétrique et dix-sept autres pays qui iront potentiellement dans le même sens.

Outre la Chine et l’Inde, la liste des pays concernés par des sexe-ratios défaillants inclut notamment l’Arménie, le Vietnam, l’Albanie ou encore l’Azerbaïdjan. Parmi les pays pouvant arriver à ce genre de situation à l’avenir, nous retrouvons le Pakistan, la Tanzanie ou encore l’Égypte.

Vers une amélioration ?

Selon le modèle dont il est question dans l’étude, les douze pays les plus touchés où se trouvent 95 % des naissances manquantes perdront un total de 5,7 millions de femmes d’ici 2100. Il s’agit d’une faible quantité au regard de ce qui a été perdu depuis 1970, date à laquelle il fut possible de déterminer le sexe de l’enfant avant la naissance. Malgré cela, selon les auteurs de l’étude, ce manque de femmes aura des conséquences culturelles et sociétales durables. D’ailleurs, ces conséquences sont déjà visibles en Chine et en Inde où les hommes sont plus nombreux à hauteur de 70 millions que les femmes. Les cas de solitude sont légion, de même que les affaires de violence et de traite des femmes, incluant la prostitution.

Une lueur d’espoir existe néanmoins. En effet, les douze pays en question montrent aujourd’hui des signes de reprise. D’une manière générale, ces pays ont vu leurs déséquilibres hommes-femmes commencer à ralentir. Les gouvernements ont incité la population à mieux accepter les naissances féminines et ont instauré des restrictions sur les avortements sélectifs. Citons aussi le cas de la Chine où les couples peuvent désormais avoir jusqu’à trois enfants. Néanmoins, les chercheurs indiquent que davantage de mesures doivent être adoptées afin de procéder à un rééquilibrage complet des sexes dans ces douze pays. De plus, si les dix-sept autres pays prennent réellement le même chemin, cela occasionnera 22 millions de nouvelles naissances féminines manquantes d’ici 2100.

Évidemment, le scénario évoqué dans l’étude reste hypothétique à bien des égards. Néanmoins, cette problématique est bien réelle. Les chercheurs soulignent notamment qu’aux avortements sélectifs s’ajoutent de nombreux infanticides. L’éventuel changement de comportement est difficile à prévoir, mais une chose est certaine : ce genre d’actes impacte le bien-être de la population d’un pays. Les pays où l’on préfère généralement avoir des garçons doivent donc s’attaquer à ce qui pousse les familles à faire ce choix. En effet, les préjugés sexistes ne sont pas seulement familiaux, mais aussi institutionnels.

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