La Terre meurt peu à peu : ses « signes vitaux » sont au plus bas

La Terre meurt peu à peu : ses « signes vitaux » sont au plus bas

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Une équipe de scientifiques s’est penchée sur les quelque trente signes vitaux de notre planète pour évaluer son état de santé. Leurs résultats sont malheureusement peu encourageants : près d’une vingtaine de ces mesures cruciales ont atteint un niveau minimum et plusieurs points de basculement climatiques sont aujourd’hui imminents (lorsqu’ils n’ont pas déjà été franchis). Les dégâts causés par l’activité humaine semblent désormais irrémédiables.

Cette évaluation, dont les conclusions ont été publiées dans la revue BioScience, repose sur des mesures clés liées à la santé de notre planète, telles que les émissions de gaz à effet de serre, la déforestation, l’épaisseur des glaciers, etc. Malheureusement, il s’avère que 18 des 31 signes vitaux examinés ont atteint des niveaux records, ce qui n’est vraiment pas bon signe. Parallèlement, les scientifiques ont noté une nette augmentation des événements climatiques extrêmes par rapport à 2019 (cyclones, inondations, vagues de chaleur, incendies, etc.).

Comment en sommes-nous arrivés à ce point ? Selon les auteurs de ce triste rapport, les gouvernements ne prennent pas les mesures adéquates, car ils ne s’attaquent pas à la cause profonde du changement climatique qui n’est autre que la surexploitation de la Terre par les humains. « Nous devons répondre aux preuves que nous atteignons des points de basculement climatiques […] et commencer à restaurer au lieu de détruire la nature », avertit Tim Lenton, directeur du Global Systems Institute de l’Université d’Exeter et co-auteur de l’étude.

Des glaciers qui fondent 31% plus vite, des millions d’hectares de forêts qui disparaissent

Ce rapport fait suite à une étude menée en 2019, qui soulignait déjà l’urgence climatique, attestée par plus de 11 000 scientifiques de 153 pays. L’objectif était ici de faire le point sur l’évolution des différents signes vitaux planétaires sur les derniers mois écoulés par rapport à 2019.

Les chercheurs, issus d’universités du monde entier, soulignent qu’il y a « des preuves croissantes que nous approchons ou avons déjà franchi » un certain nombre de points de basculement climatiques. Ces preuves sont sous nos yeux. Rien que ces dernières semaines, le dérèglement du climat a eu des conséquences inattendues et dévastatrices : les inondations en Allemagne et en Belgique, la vague de chaleur record dans l’ouest des États-Unis et au Canada… Ce type d’événements se fera de plus en plus fréquent, selon les experts.

Le diagnostic est aujourd’hui peu favorable. Malgré le ralentissement de l’activité humaine pendant la pandémie — dont l’effet n’a été que de courte durée — les gaz à effet de serre dans l’atmosphère ont atteint un niveau record en 2021 : en avril 2021, la concentration de dioxyde de carbone a atteint 416 parties par million, soit la concentration mensuelle moyenne mondiale la plus élevée jamais enregistrée. Les auteurs soulignent par ailleurs que le cheptel mondial de ruminants a dépassé les 4 milliards, ce qui représente une masse bien supérieure à celle de tous les humains et mammifères sauvages réunis !

En outre, la masse de glace au Groenland et en Antarctique est particulièrement faible : selon les chercheurs, les glaciers fondent 31% plus vite qu’il y a 15 ans. Parallèlement, le niveau des mers et les températures océaniques sont à leur maximum. Idem pour le taux de déforestation en Amazonie, qui a atteint en 12 ans un sommet de 1,11 million d’hectares détruits. Pire : la dégradation des forêts due aux incendies, à la sécheresse, à l’exploitation forestière et à la fragmentation a transformé cet ancien puits de carbone naturel en source de carbone. En d’autres termes, la planète est clairement « en phase terminale ».

La solution ? « Des changements transformateurs »

Les efforts ont jusqu’à présent été insuffisants. Les auteurs de l’étude notent que la pandémie de COVID-19 est la preuve qu’une diminution drastique des transports et de la consommation ne peut suffire à renverser la situation, ajoutant que « des changements de système transformationnels sont nécessaires ». Pour avoir une chance de sauver la planète, il est dorénavant essentiel, selon les auteurs, de cesser de considérer l’urgence climatique comme un problème environnemental à part entière ; le réchauffement climatique n’est en effet que l’une des nombreuses facettes de l’accélération de la crise environnementale.

« Sur la base des tendances récentes des signes vitaux planétaires, nous réaffirmons la déclaration d’urgence climatique et appelons à nouveau à un changement transformateur, qui est plus que jamais nécessaire pour protéger la vie sur Terre », écrivent les chercheurs. La lutte doit se focaliser sur la surexploitation de la Terre. Pour cela, les auteurs estiment qu’il est fondamental de changer de cap dans six domaines majeurs :

  1. l’énergie : éliminer les combustibles fossiles — les chercheurs évoquent « une élimination mondiale » et « une interdiction permanente » — et passer aux énergies renouvelables ;
  2. les polluants atmosphériques à courte durée de vie : éliminer le noir de carbone (suie), le méthane et les hydrofluorocarbures ;
  3. la nature : instaurer une protection permanente des écosystèmes, pour stocker et accumuler du carbone, mais aussi pour restaurer la biodiversité ;
  4. l’alimentation : adopter des régimes alimentaires principalement à base de plantes, réduire le gaspillage alimentaire et améliorer les pratiques agricoles ;
  5. l’économie : passer d’une croissance indéfinie du PIB et d’une surconsommation par les riches à une économie écologique et à une économie circulaire, dans laquelle les prix reflètent l’intégralité des coûts environnementaux des biens et services ;
  6. la population humaine : stabiliser et réduire progressivement la population en fournissant une planification familiale volontaire et en soutenant l’éducation et les droits de toutes les filles et jeunes femmes.

Parallèlement, une approche politique à court terme doit être immédiatement mise en place ; elle doit viser à mettre en œuvre « un prix du carbone significatif », à éliminer les combustibles fossiles et à préserver la nature et la biodiversité dans le monde entier. Pour les chercheurs, ces trois piliers pourraient contribuer à assurer un avenir durable aux générations futures. « Nous devons maintenant nous unir en tant que communauté mondiale avec un sentiment partagé d’urgence, de coopération et d’équité », concluent-ils.

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