Les incendies qui ravagent actuellement les forêts de Sibérie sont plus importants que tous les autres réunis dans le monde. Pour la première fois, la fumée de ces feux aurait également atteint le pôle Nord géographique, selon la NASA.
Des incendies de forêt se produisent chaque été dans la taïga sibérienne, mais cette année est particulièrement brutale. À titre de comparaison, rien qu’en 2020, ces feux avaient provoqué le rejet de l’équivalent de 450 millions de tonnes de CO2 au cours de la saison estivale. Selon une étude d’attribution menée par le World Weather Attribution (WWA), la vague de chaleur observée dans la région cette année-là aurait été “quasiment impossible” sans le réchauffement climatique. Or en 2021, les feux de forêt en ont déjà libéré plus de 505 millions de tonnes. Et la saison n’est pas encore terminée.
Ces incendies sibériens ont englouti environ 161 300 km carrés depuis le début de l’année, soit une zone quasi deux fois plus grande que l’Autriche. D’après l’institut russe de surveillance météorologique Rosgidromet, la situation continue de se détériorer avec environ 34 000 km carrés de forêt toujours en feu.
Ces feux sont plus importants que les incendies de forêt ravageant actuellement la Grèce, la Turquie, l’Italie, les États-Unis et le Canada réunis, a déclaré au Washington Post Alexei Yaroshenko, un expert forestier de Greenpeace Russie. Plus de 8600 pompiers, ouvriers agricoles, soldats et autres secouristes sont actuellement sur le pont pour les combattre.
De son côté, la NASA a publié samedi 7 août une photo capturée par l’un de ses satellites soulignant une couverture de fumée âcre s’étendant sur plus de 4 800 kilomètres, de la région de Yakoutie au nord-est de la Sibérie jusqu’au pôle Nord. Selon leurs archives, c’est une première.
Une gestion particulière
À un certain niveau, les feux sibériens s’intègrent dans un cycle annuel. Nous savons en revanche qu’ils sont aggravés par le changement climatique, comme dit plus haut, mais également à cause du déclin continu de la gestion forestière du pays depuis la chute de l’URSS.
La Russie dispose en effet d’une législation particulière, se donnant le droit de laisser les feux se propager à condition qu’ils ne menacent pas directement des infrastructures et que les coûts engendrés pour les éteindre soient plus importants que les dommages estimés.
D’autant que depuis des années, les responsables et les leaders d’opinion russes soulignent que ces incendies sont normaux, que la taïga brûle toujours et qu’il n’y a pas lieu d’en faire un problème. «Les gens y sont habitués», explique en effet Alexei Yaroshenko. «Même si cela commence lentement à changer, les incendies de forêt passés en Sibérie ont à peine fait des vagues dans les médias russes cette année».
Naturellement, il faut prendre en considération l’immensité du territoire russe. Dans ce pays plus de trente fois plus grand que la France pour à peine deux fois plus d’habitants, d’immenses pans de territoires restent inhabités, relève RFI. En outre, il est très compliqué d’accéder à certains territoires en raison du manque de voies praticables.
Résultat, aujourd’hui, la Russie combat près de 200 incendies de forêt en Sibérie, mais des dizaines d’autres foyers couvrant des milliers de kilomètres carrés continuent de brûler librement.